1 tour de planète pour 10 jours inoubliables au Pérou….
Revendeur de première heure pour la marque de vêtements spécialisés WAA, ils ont eu la gentillesse et la reconnaissance de m’inviter à ce périple incroyable.
Il suffisait donc de cette invitation pour me retrouver au Pérou pour ce premier Half Marathon du Pérou.
Je passerais cette fois sur les détails et j’irais à l’essentiel…Un voyage aller qui se déroule sans encombre, une arrivée à Lima plutôt dépaysante, quelques frayeurs de réservations, mais dans l’ensemble, plutôt pas mal pour un voyage organisé à l’arrache.
Pas vraiment le temps de flâner qu’il faut déjà ce rendre au point de rassemblement où les bus nous attendent pour un long voyage de 8 heures vers la réserve nationale de Paracas, zone protégée depuis 1975.
Il est 22h30, et nous passerons l’essentiel du voyage à dormir, mais au petit matin, des secousses me réveillent. J’en profite pour contempler l’environnement, et là, c’est la stupéfaction…… ! Nous sommes à ICA, et c’est un paysage d’apocalypse ! Des maisons barricadées qui semblent inhabitées, la ville semble vide de toute population.
En nous enfonçant dans le désert, les décors changent. Nous sommes passés de maisons en maçonnerie à celles en bois et bambous qui semblent toujours aussi vides et éparses. Seule l’apparition de quelques rares personnes et la présence de quelques chiens nous interpellent, mais cela restera pour l’instant un mystère….
Les kilomètres défilent, et nous arrivons au point de rencontre avec l’armée militaire du Pérou qui prendra le relai pour la fin du transfert en camion cette fois. Un chouette moment partagé avec 20 autres personnes bien excitée et secouée par l’aventure à travers les premières dunes.
Arrivée au bivouac. J’avais prévu de préparer tranquillement mon sac de course à mon arrivée à la tente, mais c’est finalement de suite qu’il fallait justifier de l’intégralité du matériel obligatoire et des affaires persos nécessaire au principe de l’autosuffisance. C’est donc sur le sable que j’effectue cette mission définitive et sans retour possible, autant dire que la pression commençait à monter et qu’il ne fallait pas se tromper… ! En attendant, c’est pose « wc », et première erreur de débutant en foulant un sable brûlant et pieds nus. Résultat, plantes des pieds brûlées et premières cloques alors que je n’ai pas fait le 1er kilomètre…… enjoy !
Le casse-tête commence, et Philippe, un athlète de haut vol dont j’ai fait connaissance dans le bus, m’a aidé (ou pas 😊) à me mettre dans le doute ! Un sac de couchage ? Pourquoi faire ? Le sable est mou et confortable……… ! Des affaires de rechange ? Pourquoi faire ? Du savon ? Pourquoi faire ? Un réchaud ? Pourquoi faire ? Des sous-vêtements ? Pourquoi faire ? Des claquettes ? Pourquoi faire ? Une brosse à dents ? J’espère que tu la coupée ! Une cuillère/fourchette ? Une cuillère oui… ! Des lanières à ton sac ? Pourquoi faire ? Faut les couper….
Finalement, j’allègerais le sac de nombreuses options (dont celle de me taper 2 menus par repas), afin de ne pas transporter de matériel type « confort » et alourdir un sac déjà bien tendu. Quelques plats lyophilisés, un réchaud, un sac de couchage, une combinaison Sixs pour les nuits et roule ma poule, c’est l’aventure !
1ère étape, passage au contrôle inscription/matériel sans embûches et dans la bonne humeur avec un staff sympa et dispo !
2ème étape, l’attribution de la tente N° 34……… (petite pensée pour Kévin Schwantz).
3ème étape, l’organisation interne des tentes. Tu mets tout en place soigneusement et sans sable, mais ça marche dans les films uniquement……… au bout de 10mn tu te rends compte qu’il va falloir faire avec et tu ne verras plus jamais le sable fin d’une plage ensoleillée de la même façon (et ce n’est que le début). La sortie du confort est définitivement annoncée……
Il est l’heure de déjeuner (et dîner quelques heures plus tard), et l’organisation à mis les petits plats dans les grands pour nous offrir ce moment au fin fond du désert. Un espace ombragé était prévu pour l’occasion, et c’est à tour de rôle que nous avons pu en profiter.
La nuit tombe, je fais rapidement connaissance de nos voisins et voisines (les tentes sont réparties par groupe de 6) et il est déjà temps pour moi de me coucher. Le privilège de dormir à 20 mètres de l’Océan Pacific restera un grand moment mais non sans silence.
4h30, les yeux grands ouverts, impossible de continuer la nuit. J’aurais donc le temps de me préparer pour une fois sans aucun stress avant le départ de la première étape de 26km et 800 de D+.
L’inconnue est grande. Je n’ai jamais couru dans le sable, et donc aucune idée de l’énergie dépensée dans ces conditions mis à part les quelques parties de raquettes quand j’étais ados. Je ressens donc une certaine pression…
Etape 1, Top départ ! Une longue montée en devers pour commencer me mettra directement dans le bain et annoncera la couleur. Les appuies sont fuyants, l’énergie nécessaire pour avancer est énorme, et les kilomètres défilent sur le plat aussi vite que sur un KM vertical. 800 mètres auront suffi pour me décoller la peau sous le pied droit, de quoi compliquer la suite des évènements.
Je reste prudent et attentif à l’évolution de l’effort pour ce début de course tout en observant mes adversaires partis déjà très fort.
A 10km, la première grosse (très grosse) difficulté arrive, avec cette dune énorme à grimper. Le début est plus ou moins facile, mais la pente s’accentue, et le sables devient de moins en moins porteur, jusqu’à la phase finale, ou même à 4 pattes il devient très difficile d’évoluer. Les visages se figent, les regards se croisent, les messages de motivation fusent et les premières discutions arrivent. C’est bien dans la difficulté que les liens se forment…
La course continue, les kilomètres défilent, les rythmes évoluent, et c’est à ce moment là que je suis souvent le plus à l’aise. La suite de la course le confirmera et viendra récompenser mes efforts à une belle 50ème place scratch homme, de quoi me ravir et m’encourager pour l’étape longue du lendemain.
De retour au bivouac, je prends mes repères et le temps de me « nettoyer » dans l’Océan.
Coupé du monde, sans réseau téléphonique et avec le stricte minimum, un moment que je commence à apprécier et qui prends ici toute sa valeur. Je fais maintenant plus amples connaissances avec nos voisins, Delphine et Jean-Marc, adorable couple avec qui je passerais le reste du séjour sans nous quitter (au moins aux restos et à l’apéro😊).
Etape 2. Top départ ! Initialement parti pour 66 km, celle-ci sera réduite à 56 km et 1250 de D+ par sécurité (du brouillard persiste sur les hauteurs, et des passages dangereux étaient à éviter de nuit).
Les jambes sont lourdes de la veille, devant moi le rythme est déjà soutenu, et je décide de prendre réellement mon temps pour rentrer dans la course. Comme souvent, de nombreuses personnes semblent en sur-régime, et c’est assez rapidement qu’elles rentreront dans les rangs. Les heures passent, les kilomètres défilent lentement, et je sens qu’il est encore trop tôt pour prendre du régime. Même si le ciel est légèrement couvert et que le vent nous « rafraîchit », il fait tout de même très chaud et il ne faut pas oublier que notre organisme vivait encore dans le froid 3 jours plus tôt. Au 30ème, une petite Hypo vient enrayer mon rythme de croisière pourtant tranquille. Je dévore tout ce que j’ai sous la main, mais comme souvent, du sucre. Hors dans le désert, c’est vraiment du sel qu’il m’aurait fallu. Qu’importe, je marche un bon moment histoire de récupérer, et en me retournant je m’aperçois que beaucoup de poursuivants sont également dans le dur, il reste pourtant encore la moitié à parcourir.
Le coup de bambou passé, je retrouve les jambes au point de me voir pousser des ailes. J’arrive à courir sur un rythme intéressant et même dans les petites montées, ce qui me permettra de remonter de nombreuses places. Là, de très longues lignes droites nous attendent avec un vent de face, il faut être fort dans sa tête pour maintenir la cadence et ne pas être tenté de marcher, mais le décor est tellement beau qu’il est interdit de se plaindre !
Arrive la jonction avec le début de la première étape au sommet de la fameuse Dune, et donc les 10 dernières kilomètres. Nous avons la chance de la pratiquer en sens inverse cette-fois ci, et je n’allais pas me faire prier pour la dévaler à toutes allures avec une sensation de sécurité total liée sable meuble.
Après cet intermède bien plaisante, retour à la réalité et ce long retour qui viendra achever de nombreux athlètes. Trop pessimiste sur la quantité d’eau embarquée, je payerais cash cette négligence. Du sable mou, une sensation de déshydratation, plus de jambes, des étoiles plein la tête, c’est un long chemin de croix qui m’attendra sur les 6 derniers kilomètres ou je vais perdre quelques places. Je me souviendrais longtemps de la vision du campement qui me semblais pourtant si prêt, mais si long à atteindre, au point de le prendre pour un mirage… !
La ligne d’arrivée franchie à la 38ème place tout de même.
Puis recommence ma petite vie paisible…… l’Océan comme baignoire, 1 litre d’eau pour se rincer, un repas lyophilisé digne des plus grands cuistots (il y en avait d’ailleurs quelques uns connus sur le campement avec entre-autre Guillaume de l’Elysé et l’équipe des Baucuse d’Or). Puis 19h16 au dodo….
Mercredi, jour de repos. Même si se reposer sous le cagnard reste compliqué, cette journée m’auras permis de faire plus amples connaissances avec les athlètes, et profiter de cet endroit paradisiaque. Mais 19h15, dodo !
Jeudi, top départ pour la dernière étape de 22km et 500 de D+. Même si elle annonce la fin de l’épreuve, elle reste cependant une étape importante pour garder ou améliorer sa place au classement. On sent bien que tout le monde souhaite en découdre une dernière fois, et le rythme sera soutenu du début à la fin. Il fallait pourtant rester vigilant, car cette étape étant « roulante », et donc usante sur de longs bouts droits. Sur les 10 derniers km, je reprendrais une 10ènes de places pour terminer à une honorable 53ème position.
Pas le temps de souffler que déjà nous prenons le bus en direction de Paracas ou aura lieu la cérémonie de clôture, remise des prix et dîné de gala au très chic Hôtel Hilton.
Une belle soirée ou malheureusement une certaine fraîcheur aura freiné nos ardeurs, nous poussant à rentrer plus tôt que prévu !
Un vendredi passé à flâner à Paracas en compagnie de Delphine et Jean-Marc, au milieu de nombreuses boutiques typique du Pérou dont celle d’Arturo, artiste peintre/sculpteur et même cuisto qui aura marqué nos esprits par sa gentillesse et son talent.
Samedi, me voici prêt à reparti vers Lima avec quelques souvenirs d’Arturo dans les valises que j’ai bien failli ne pas retrouver avant de monter dans le bus. Une belle frayeur qui aurait pu me couter cher.
Dimanche, petite visite de la galerie marchande de Miraflores, derniers instants de vacances au bord de l’Océan, puis c’est l’heure de retourner à l’aéroport pour le retour à la réalité, la grisaille, le froid, les gilets jaunes et les attentats…. !
Bon je devais faire court, mais j’ai pourtant vraiment survolé ce fabuleux voyage au Pérou, une destination qui mérite d’être rééditée pour cette fois prendre le temps de visiter plus sérieusement tous les trésors présents….
Un grand merci à Thierry de WAA pour cette invitation, Adeline et Un monde de sportifs pour la gestion des vols, Loïc Roig pour les conseils concernant le matériel nécessaires, Gilles de chez Hoka pour mes supers MAFATE EVO, SEMC Distribution pour la « grenouillère » SIXS, mes parents, toujours présents pour donner un coup de mains dans la préparation.
Je conseille vivement ce genre de format à qui voudrait découvrir les « joies » de courir dans le désert sans pour autant se taper 250km. La version Half ne fait que 120km et est « accessible » à qui est un minimum entrainé bien sûr ! Le principe de l’autosuffisance est un réel retour aux sources (sans pour autant être dans Koh Lanta) et permet de sortir de son confort.
Vous l’aurez compris, j’ai été conquis, et je pense déjà au prochain….
Vive le sable, mais avec des dunes !
Ce déroulant dans un espace protégé dans le désert d’ICA, soit un environnement d’une incroyable beauté pour passer ces 5 jours en autonomie total à 20 mètres de l’Océan Pacific.