Fort de ma petite expérience acquise en 2023, je me lance pour une deuxième participation à la Bornes To Fly version 2024 et donc ravi de retrouver cette sympathique équipe.
L’année dernière je pointais bon dernier, je comptais bien évidemment faire mieux, ce qui en soit ne semblait pas difficile, sauf que…..
Additionné à la connaissance du massif et de l’expérience en vol, une épreuve de marche et vol se prépare physiquement, techniquement, tactiquement.
Seul le point “physique” est de mon côté, pour le reste, il me faudra encore attendre et apprendre avant de pouvoir prétendre boucler une Bornes To Fly.
Tactiquement, il n’est pas encore temps d’en parler, cela viendra plus tard je l’espère.
La météo de ce début de saison n’ayant pas permis de faire du volume de vol et donc de découvrir ce terrain de jeu, je suis arrivé vendredi quasiment dans la même position qu’un an avant, au détail près que maintenant je sais plus ou moins utiliser les outils de navigation.
La veille, validation des inscriptions, briefing et découverte du parcours et le plaisir de revoir certaines personnes.
Jour 1:
La traditionnelle photo par Robin Issartel.
Le départ de la compétition se fera directement de la station de Manigod à 9h45 pour une montée sèche de 700 D+ jusqu’au décollage sous la pointe de Merdassier.
Les premiers décollent et se jettent à droite pour contourner la pointe de Merdassier et venir s’appuyer sur les faces Ouest de la pointe de la Blonnière. Techniquement j’avais plus ou moins compris la raison, mais quand à mon tour je contourne la pointe de Merdassier, je n’arrive pas à voir ce qui va m’attendre tout en perdant de l’altitude. En quelques secondes je devais donc choisir de prendre le risque de suivre ce cheminement que je ne connaissais pas au risque de devoir me “vacher” ou au contraire de ressortir plus haut comme eux, ou choisir l’option de tracer directement vers la 2ème balises direction les chalets des Auges en sachant d’entrée de jeu que c’était pas la meilleur idée.
Je choisis donc la moins bonne….
En transition, je m’appuie durant quelques minutes sur une colline à l’ouest de La Clusaz.
Je joue avec les cycles qui me permettent de zéroter tout en analysant ce que faisaient d’autres pilotes étant venus de plus haut mais qui galéraient également sous le SUET. Je tentais durant ce temps d’analyser qu’elle était la meilleure option pour atterrir au plus prêt d’un accès à pieds vers un autre déco ou carrément vers un sentier permettant d’aller valider la balise à pieds.
Avec les pieds dans les sapins, il fallait maintenant que je réagisse et j’ai choisi encore une autre option. Je décide donc de transiter sur la face ouest sous le Mont Lachat juste au-dessus de Villards-sur-Thônes (au cas où). Bien évidemment, j’arrive trop bas et il est temps de se poser dans un champ que je choisis fraîchement fauché comme un parfait parapentiste.
Je me fais même accueillir par une dame très sympathique (et parapentiste), prête à m’aider et me conseiller de monter au Chalet de la Mare pour décoller.
Je prends donc cette option à un moment où le soleil est encore bien en place, mais au fur et à mesure de mon ascension, tout passe à l’ombre et décoller dans ces conditions allaient juste me faire redescendre dans la vallée de Thônes. Je décide donc de poursuivre jusqu’à la croix du Lachat en espérant pouvoir décoller de l’autre côté et me rapprocher de la balise.
Malheureusement la pluie arrive au pire moment. Je suis au sommet dans le vent, le froid, le brouillard sous une pluie/grésil qui va littéralement me congeler.
Le vol était donc impossible et je n’avais pas conscience que descendre au col de la Buffaz à pieds était du registre de l’alpinisme……
Je trouve un “sentier” sur l’application Relief Maps mais celui-ci n’est quasi pas visible à l’œil car la neige vient à peine de disparaître et pas la moindre trace de passage. Je fini par trouver ce qui pourrait y ressembler mais celui-ci est entrecoupé de zones de neige trop dangereuses à emprunter.
Moment de panique car si je m’engage dans une désescalade il n’y aura plus de machine arrière possible.
Je prends donc la décision de tenter le coup!
Quelques 10aines de minutes plus tard la pluie diminue et le soleil refait une timide apparition me permettant de me réchauffer un peu à l’approche de cet exercice périlleux.
Soulagement, 2 heures plus tard, j’aurais vaincu les 1.7km et 500m de D- non sans mal et frayeurs.
S’ensuit la montée sous la pointe de Queblette puis un cheminement bien sympa jusqu’aux Chalets des Auges ou je claque enfin cette balise et rencontre Arthur, mon nouvel ami Belge du team X1X!
Et maintenant?
2 options, soit je trouve un déco en revenant sur mes pas et vol en direction de la vallée sous le plan de l’Aigle derrière la prochaine balise du Parmelan mais je n’étais pas certain de pouvoir trouver l’assistance pour la nuit, soit je retourne jusqu’à la pointe de Queblette ou je pourrais décoller et me rapprocher le plus possible du pied du Parmelan.
J’ai choisi cette option mais en arrivant sous la pointe, je me rends compte que le vent est devenu trop fort et qu’il m’était impossible de prendre ce risque.
Après réflexion, ce sera donc une 3ème option, celle de dévaler 1200 D- pour rejoindre Mélissa à Thuy Dessous et se taper un bon Gueuleton bien mérité pour terminer cette folle journée.
Jour 2:
7h, c’est parti pour 600 D+ direction le Chalet Chappuis pour valider la 3ème balise à pieds et se mettre en attente prêt à décoller dans le but de raccrocher aux dents de Lanfon avant d’entamer la transition au-dessus du Lac d’Annecy en direction du Margériaz ou se trouve la 4ème balise.
Ca, c’était sur le papier, car même si j’ai réussi assez rapidement à m’extraire dans la combe du Parmelan et prendre jusqu’à 1800 mètres, durant ma transition je me suis fait surprendre par l’aérologie et une lente et longue descente s’en suivait pour finalement atterrir à Perroix où j’allais pouvoir en profiter pour féliciter Thibault Voglet (encore un Belge sympa) qui arrivait tout juste pour sa belle prestation terminée à la 8ème place scratch.
Le temps de remballer et c’est parti pour une montée de 400 D+ au déco de Planfait.
Beaucoup de monde est en attente sur le déco car il est difficile de s’extraire et personne n’a envie de poser plus bas après quelques minutes.
Nous prenons donc le temps de suivre les “fusibles” avant de prendre la décision d’aller au charbon.
Charbon est parfaitement adapté à la situation que je vais rencontrer…
Un premier cycle qui me permet d’être heureux de coiffer tout le monde, suivi d’un cycle ou je reviens à ma place et enfin un bon choix qui me permet de raccrocher les Dents de Lanfon non sans quelques belles frayeurs à travers de bons thermiques bien poussifs.
1900 mètres, je vois 27km/h de vent sur mon Syride Sys’Nav XL et ça monte en ligne droite, je décide d’entamer la traversée du lac pour rejoindre le Roc des Boeufs.
Pour mon plus grand bonheur, le calme revient durant cette transition, de quoi reprendre mes esprits afin de préparer la raccroche…………. qui n’aura jamais lieu car à force de me faire contrer, je vais arriver trop bas!
Quelques minutes à jouer à zéroter puis je me résous à aller atterrir le plus loin possible en direction du Margériaz.
Je remballe, j’analyse les décos possible et je prends la direction des Chalets du Solliet 800 D+ plus haut sous le Roc des Bœufs pour improviser un déco vent de travers que j’arriverais à atténuer en décollant entre deux rangées d’arbres.
S’ensuit un glide très sympa jusqu’au pied du Margériaz au plan d’eau de Lescheraines exactement.
Un dernier effort de 8km et 600D+ viendra terminer cette nouvelle journée encore une fois mouvementée!
Ni la pluie, ni la boue ne viendra gâcher une très bonne soirée dans notre Van garé dans les bois 🙂
Jour 3:
L’optimisme était de rigueur au petit matin.
N’ayant pas réussi à rejoindre le van dans le temps imparti la veille, je devais assumer un petit aller/retour de 2 kilomètres pour valider la position GPS qui était la mienne à 21h.
Chose faite, je pouvais donc monter tranquillement à la station du Margériaz rejoindre Mélissa pour un petit dej au soleil avant d’emprunter les pistes de ski jusqu’au magnifique déco falaises soit 700D+.
Sur place, les conditions ne permettaient pas de profiter d’ascendances suffisantes, la patience était donc de mise.
11h30, je me décide à prendre les airs et tester. Je reste 40 minutes en soaring dans ce décor de rêve, mais pas moyen de prendre de l’altitude, pire, je suis obligé d’atterrir plus bas sur la crête et remonter 200 D+ la voile en boule…… ERREUR!
Je repars en vol complètement trempé mais prêt à en découdre car les thermiques arrivent.
Ni une ni deux, je me remet en vol et prends des ascendances intéressantes mais largement pas suffisantes et qui ne me permettent pas de suivre le schéma fixé, soit d’aller m’appuyer sur le Colombier.
Je tente tout de même le coup, mais le vent me contre encore une fois et je descends inexorablement dans la vallée pour en finir là à 13h40.
Le clap de fin est déclaré, Mélissa arrive et il est temps de retourner à Perroix pour rejoindre les amis et assister à la remise des prix.
Je suis bien évidemment déçu de ma prestation et inutile de commencer avec des “SI”…..
A moi de corriger le tir et trouver des solutions pour m’améliorer dans les nombreux domaines cités plus haut.
Cette édition aura eu le mérite de me remettre les idées en place, de lancer ma saison et rentrer dans le vif du sujet.
Place à la prochaine épreuve du calendrier, et c’est impatient que je vais rejoindre la belle équipe du Fly Chablais Challenge.
C’était aussi l’occasion de retrouver les amis rencontrés l’année passée, Ludovic Champlon qui a super bien géré, Thibault Voglet qui termine à une superbe 8ème place, François Kreitzen et Richard Peyre auteurs d’une magnifique remontée dans le classement, sans oublié la superbe équipe Belge X1X avec que de belles personnes humbles, accueillantes, qui prennent le soins de prendre de tes nouvelles durant la compétition et surtout qui ne jugent pas……
Andy et Angéline, tellement sympas!
Mention spécial à Thomas Boerner, 70 ans avec qui j’ai passé un bon moment et qui représente une belle leçon de vie.
Client d’œil à Caroline et Xavier qui nous ont apportés un soutien dans nos choix « stratégiques »
Je n’oublierais bien évidemment pas de remercier Mélissa, ma chérie, qui est présente dans toutes mes péripéties. Notre désorganisation et méconnaissance du domaine (pour l’instant), nous fait bien rire et c’est dans la bonne humeur qu’on se retrouve sur les sentiers ou dans notre super Van T4 après de bonnes journées de galères! On partage des trucs tellement incroyables que le temps passe trop vite !
Et le mot de la fin revient à mes partenaires.
Merci à eux d’être présent à mes côtés (pour certains depuis très longtemps)!
Leurs aides, qu’elles soient financières, matérielles ou même humaines, n’est à ce jour pas liée aux résultats, mais aux valeurs que je représente et au réel investissement à mettre en avant leurs enseignes et services.
Pour ceux qui se posent encore la question quant à ma légitimité de me présenter sur de telles épreuves (c’est apparemment un sujet dans le milieu), je vous invite à vous en inspirer et agir plutôt que de juger 😉 (c’était finalement celui-ci le “mot de la fin”)
Enjoy!